Prospective Industrie et le Cetim, une vraie complémentarité


3 questions à Florent Monier, président du groupe Thermi-Lyon

Vous participez activement aux Rencontres Prospective Industrie. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un ensemble d’informations, réunies par l’équipe de Benoist Clouet à la FIM, auprès de chefs d’entreprises et de décideurs sur des signaux faibles. Ce ne sont donc pas des statistiques officielles ou des données accessibles par ailleurs, mais plutôt des ressentis et du vécu recueillis via des dizaines d’interviews et qui permettent d’éclairer le court et le moyen termes mais dans une mise en perspective sur la durée.

Une synthèse de ces interviews est en effet effectuée autour de plusieurs grandes thématiques, des rencontres animées dans toute la France permettant ensuite aux dirigeants qui y participent de les confronter à la réalité du terrain.

Cela permet de comprendre à la fois ce qui se dessine aujourd’hui via les décisions des entreprises, des acheteurs ou des offreurs de solutions, et de le mettre en perspective dans un contexte international, social, juridique et de globalisation. Les clients de Prospective mènent en effet leurs activités dans un cadre mondial : 60% de ce qui est produit par les membres de la FIM est exporté. Si cette initiative provient à l’origine des mécaniciens, elle s’étend désormais à d’autres branches professionnelles, l’idée étant de procurer une ouverture maximale en secteurs d’activité, technologies et géographie.

En quoi ces informations sont-elles complémentaires avec d’autres sources provenant du Cetim ?

Pour moi, l’apport du Cetim est avant tout technique et concerne en particulier ce qui est lié aux technologies des mécaniciens. Nous participons d’ailleurs activement à ses projets ayant trait au traitement thermique. Il nous permet également d’accéder aux informations technologiques qui concernent nos clients, ce qui est très précieux.

La valeur ajoutée de Prospective est de sortir de la veille technologique. Elle comprend bien sûr une mise en perspective des technologies, mais qui se situe plus au niveau des conséquences. Si elle a ainsi traité, il y a quelques années, la fabrication additive, c’était dans le cadre d’une vision stratégique : est-ce qu’elle change mon business model, ouvre de nouveaux marchés, représente un danger pour mon activité… Une vraie complémentarité avec les sources du Cetim… qui organise par ailleurs des rencontres et est un partenaire actif de Prospective !

Avez-vous un exemple concret de projet initié ou conforté par les informations de Prospective industrie ?

Bien sûr. En Rhône-Alpes, nous menons deux études Prospective par an. A cette occasion, nous avons décidé récemment d’approfondir un sujet en lui consacrant une matinée d’atelier : l’IA. Un thème qui nous semblait « tarte à la crème » car si on en parle beaucoup, ses effets tardent souvent à se faire sentir dans les entreprises. D’autant plus que celle disponible jusqu’à présent consistait plus en Chat GPT, axée sur la rédaction de contenu, donc à l’intérêt limité pour les industriels… Durant cet atelier, l’une des deux entreprises représentées, qui s’appelait Cynnaps et vient de se rebaptiser Araïko suite à une levée de fonds, nous a expliqué avoir créé des modules déclinables pour aider les entreprises intéressées à exploiter leurs données grâce à de l’IA. Suite à cela, j’ai repris contact avec eux et passé commande d’un audit qui vient de se terminer. Nous sommes en train d’évaluer deux des six pistes proposées, susceptibles d’aboutir à la mise en place de logiciels pour régler des difficultés que nous rencontrons et améliorer la capitalisation de connaissances ou encore l’exécution de tâches répétitives de contrôle de notre process.

Retrouvez cet article sur le Cetim Infos de mai-juin 2024 téléchargeable ici.