12 octobre 1799 : l'invention du parachute, une histoire de couple


Cette semaine, nous commémorons non pas un mais deux anniversaires, tous deux liés à un seul et même couple, les Garnerin, et à une seule et même invention, le parachute. C'est en effet trois ans après avoir été la première femme à sauter, le 12 octobre 1799, avec la création de son mari que Jeanne Garnerin dépose, le 11 octobre 1802, son brevet. Retour sur la vie et l'œuvre d'un couple résolument dans le vent de l'histoire.

Une invention dans l'air du temps

Né à Paris le 30 janvier 1769, André-Jacques Garnerin est très tôt passionné par les sciences en général et celles de l'air en particulier. Il suit ainsi les cours du physicien Jacques Charles, qui n'est autre que l'inventeur du ballon à gaz. Le jeune homme, brillant, réussit à prendre de la hauteur et même à grimper les échelons lors de la Révolution française, au point d'être promu "aérostier des fêtes publiques", en charge de l'ascension des toutes nouvelles montgolfières - -ce n'est en effet que le 15 octobre 1783 que Jean-François Pilâtre de Rozier est devenu le premier homme à monter à bord du ballon des célèbres frères. Engagé sous les drapeaux de la toute jeune République, il est capturé en 1794 par les Autrichiens. Au lieu de brasser du vent, il occupe ses trois années de captivité en Hongrie à développer à la fois la science nouvelle qu'est l'aérostation et à travailler sur le parachute.

Pour ce dernier, il reprend les recherches de son compatriote Louis-Sébastien Lenormand qui, en 1783, a effectué le premier saut officiel, s'élançant d'un arbre en tenant dans ses mains deux parasols. Mais le 22 octobre 1797, tout juste libéré, il passe résolument au stade - et au risque – supérieurs : non seulement son parachute n'est pas doté d'un cadre rigide, mais il se jette d'une montgolfière stationnée au-dessus du Parc Monceau à Paris. Avec succès puisque le téméraire jeune homme atterrit en un seul morceau devant une foule admirative – voire quelques peu déçue pour certains qui espéraient bien assister à un drame en direct - au prix, il est vrai, d'une entorse à la cheville.

Vertige de l'amour

Deux ans plus tard, le 12 octobre 1799, c'est au tour de son élève Jeanne Labrosse, qu'il épousera bientôt, de réitérer l'exploit à tout juste 24 ans, devenant ainsi la première femme parachutiste en se lançant dans le vide d'une hauteur de 900 mètres. C'est aussi elle qui trois ans plus tard, le 11 octobre 1802, dépose au nom de son mari le brevet de l'"appareil dit parachute, destiné à ralentir la chute de la nacelle d'un ballon après l'explosion de celui-ci".

Il est vrai que les deux époux partagent la même passion pour la conquête des airs. Lorsqu'elle s'est envolée seule à bord d'un ballon le 10 novembre 1798, Jeanne est devenue l'une des premières femmes au monde – sinon la première - à piloter un ballon. De son côté, André-Jacques accomplira avec sa montgolfière, les 3 et 4 octobre 1803, le premier voyage aérien de longue distance entre Moscou et Polova en Russie. Un parcours de 300 km et un record qu'il battra ensuite, les 22 et 23 novembre 1807 en ralliant depuis Paris et en 7 heures, bravant plusieurs orages, la forêt de Clausen en Allemagne, distante de 395 km. Cette passion lui coûtera d'ailleurs indirectement la vie. C'est en effet en traversant le chantier de fabrication de son nouveau ballon, le 18 août 1823, qu'il est frappé accidentellement par la chute d'une poutre. Il avait 54 ans.

Jeanne va lui survivre près d'un quart de siècle. Lorsqu'elle s'éteint à 72 ans à Paris le 14 juin 1847, elle a croisé la route d'une autre légende du beau sexe : Madame Sans Gêne, célèbre femme-soldat distinguée par Napoléon et qui donnera son nom à une pièce de théâtre toujours jouée de nos jours. L'entente entre les deux amies était telle qu'elles ont ouvert ensemble une table d'hôte. Une autre façon de s'inviter au grand festin de l'histoire.

"Optimiste et pessimiste sont également nécessaires à la société. L'optimiste invente l'avion, le pessimiste invente le parachute." – Anonyme