12 octobre 1928 : le poumon d'acier… arme anti-coronavirus ?


Faisons aujourd'hui un saut de presque un siècle en arrière avec la première utilisation du poumon d'acier, matériel industriel de santé qui, après être tombé en désuétude, est revenu sur le devant de la scène avec l'épidémie de coronavirus. Quand l'industrie se met au service de la santé.

 

Une solution miracle contre la poliomyélite…

 

Son nom sonne comme le titre d'un film de superhéros Marvel ou une expression populaire. Si ses inventeurs se sont révélés in fine avoir un cœur d'or, la réalité est malheureusement beaucoup moins légère et infiniment plus douloureuse pour ceux qui y ont eu recours. Le poumon d'acier désigne en effet un appareil de ventilation capable de générer une pression inférieure à la pression atmosphérique, et de permettre ainsi à la personne qui s'y trouve placée et souffre d'insuffisance pulmonaire de respirer.

Fruit du travail de deux membres éminents de la Harvard Medical School, Philip Drinker et Louis Agassiz Shaw, il est utilisé pour la première fois ce 12 octobre 1928 au Children's Hospital de Boston. Le patient, un enfant souffrant d'insuffisance respiratoire, est allongé inconscient dans ce qui ressemble à un tambour d’acier cylindrique et étanche à l'intérieur duquel des pompes augmentent et diminuent de façon périodique la pression. Très vite, alors que cette ventilation lui permet d’inspirer et d'expirer de l’air dans ses petits poumons, le miracle se produit : son état s'améliore grandement quelques secondes à peine après son placement dans la machine.

Dès lors, le "respirateur Drinker" va se répandre dans le monde entier. Il est vrai que dans cette première moitié du XXe siècle, une maladie terrible, la poliomyélite, fait des ravages dans la population. Elle provoque une paralysie du diaphragme qui rend incapables ceux qui en souffrent d'assurer naturellement leur ventilation et finit par les asphyxier. Une défaillance que le poumon d'acier permet de pallier. Alors que ce fléau se répand fortement dans les années 40 et 50, des salles entières de respirateurs sont installées dans les hôpitaux. Fort heureusement, cet âge d'or du poumon d'acier sera de courte durée car très vite, des programmes de vaccination efficaces permettent d'éradiquer en grande partie l'effroyable maladie. L'appareil est également progressivement supplanté par la ventilation mécanique moderne qui contrôle la respiration par l'intubation directe des voies aériennes.

 

… et contre la Covid-19 ?

 

Alors qu'il semblait être tombé complétement en désuétude, il pourrait néanmoins bien trouver un second souffle à l'occasion de l'épidémie qui frappe actuellement le monde. "Contre le coronavirus, le retour du bon vieux poumon d’acier", titre ainsi un article paru dans Ouest France à cette période. Lequel nous apprend que pour faire face à la pandémie et à la pénurie de respirateurs dans les hôpitaux, le Royaume-Uni teste actuellement une nouvelle version du "iron lung" développée conjointement par des médecins et des ingénieurs. Dans cette nouvelle version, l'Exovent – c'est son nom –, beaucoup plus léger que ses prédécesseurs, consiste en un caisson posé sur la poitrine et l’abdomen du patient. Autre avantage et pas des moindres, sa fabrication coûterait 1 100 euros par machine, soit dix fois moins que les respirateurs actuels.

"En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux" – Marc Aurèle

Une belle illustration de la mobilisation de l'industrie dans la lutte contre l'épidémie.