La fabrication additive métallique, un enjeu national de premier plan


Pour sa deuxième édition, Metal AMS, qui se déroulera les mercredi 20 et jeudi 21 mars dans les locaux senlisiens du Cetim, déploie ses ailes à l’international. Ce premier colloque scientifique hexagonal 100% dédié aux technologies de la fabrication additive métallique abordera avec les plus grands spécialistes internationaux toutes les étapes de la chaîne de valeur à travers des conférences et une zone d’exposition. Deux de ses organisateurs témoignent.

Un évènement nécessaire unique en France et en Europe

Alors que la fabrication additive en général demeure un sujet fort d’actualité, Metal AMS répond à une nécessité et un manque, souligne Benoît Verquin, expert référent du Cetim : « il n’existait pas de congrès dédié spécifiquement au métal, capable d’explorer ce thème en profondeur. L’idée est de réunir à la fois le milieu académique hexagonal, mais aussi les industriels utilisateurs et les offreurs pour qu’ils puissent échanger sur ces technologies ».

Une action qui vise à s’inscrire dans le temps, après une première édition couronnée de succès en 2022. « Nous souhaitons pérenniser cet évènement pour en faire un point de rendez-vous régulier pour l’ensemble de la communauté autour de thématiques fortes », explique Nicolas Saintier. Ce professeur des universités Arts & Métiers et directeur adjoint du GIS HEAD travaille au sein du comité d’organisation, au côté de Jean-Jacques Blandin - Grenoble INP et CNRS -, et d’Eric Charkaluk - CNRS et Ecole polytechnique. Et leur ambition dépasse les simples frontières hexagonales…

Un évènement de dimension européenne et mondiale

« S’il existe en Europe une forte communauté autour de la fabrication additive métallique, comparable à celles de la Chine et des USA, il lui manquait un lieu de rencontres, constate Nicolas Saintier. Nous avons donc souhaité nous ouvrir vers elle afin de promouvoir la mise en place de projets scientifiques et industriels sur le continent ». Metal AMS 2024 fera ainsi un focus sur l’Europe du Sud, avec l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Des pays invités auxquels s’ajouteront Singapour et l’Australie, avec lesquels le Cetim et le CNRS mènent des actions privilégiées.

« Une autre vocation de ce symposium consiste à créer de l’interaction également à un niveau mondial, confirme Benoît Verquin. L’idée est de mettre en avant sur le plan international le savoir-faire français, qu’il se situe au niveau académique ou industriel, pour initier plus facilement des collaborations et porter haut le pavillon hexagonal tout en créant de l’échange et de la synergie ».

La fabrication additive métallique, un enjeu de souveraineté nationale

Car l’enjeu est de taille. « La fabrication additive métallique est l’un des procédés qui a connu les plus forts développements ces dix dernières années, prenant une place de plus en plus prégnante dans l’industrie tant au niveau des activités que de la recherche », explique Nicolas Saintier. Mais elle a toujours besoin d’être soutenue par des actions de développement tant sur la partie R&D qu’applicative car elle est encore loin de constituer un procédé standard pour toutes les industries, en particulier dans les PME mécaniciennes qui ont besoin d’être accompagnées. « Ce congrès s’inscrit aussi dans l’initiative nationale pour la fabrication additive qui regroupe tous les réseaux et les acteurs scientifiques et industriels du territoire, tels qu’Addimalliance, Initiative 3D ou encore AFH. Tous doivent pouvoir se parler et se voir régulièrement afin d’apprendre à mieux se connaître, se mettre à jour des grandes thématiques et se rassembler autour de projets », insiste-t-il.

« Or certains de ces secteurs, comme l’aéronautique, la Défense ou l’énergie, sont stratégiques », souligne Benoît Verquin. Aussi le programme inclut-il des interventions de sociétés représentant ces domaines, ainsi que d’autres tout aussi centraux dans lesquels la France se situe en pointe, comme le naval ou le luxe. « Il est crucial de promouvoir le développement des technologies associées à la fabrication sur l’ensemble de la chaîne de valeur, que ce soit les fabricants de machines, les méthodes de suivi de production et de contrôle - où l’IA peut jouer un rôle majeur - ou le développement de matériaux innovants hautes performances, et ce à travers une recherche de haut niveau couplée à un transfert efficace vers l’industrie. Il y a des places à prendre pour notre pays dans ce marché en très forte croissance internationale », conclut Nicolas Saintier.

Retrouvez cet article sur le Cetim Infos de janvier-février 2024 téléchargeable ici.